Dans la jungle Instagram d’images saturées, de hashtags travaillés et de pseudos compliqués, Elyx apparaît vite comme un repère. Simple et rigolo, il sort de son carnet et s’amuse de tout. En revanche il n’est pas bavard pour un sou. Alors c’est avec son créateur, Yacine Ait Kaci, que nous avons échangé. Depuis, Elyx a grandi avec sa communauté (117 000 abonnés), et est même devenu petit ambassadeur de l’ONU. Son créateur nous raconte leur rencontre et leurs projets.
YGM : Qui êtes-vous Yacine ?
« Je m’appelle Yacine Ait Kaci, aka Yak. Je suis un touche à tout depuis toujours. Dessinateur de presse il y a 20 ans (créateur d’Ixel pour la revue XL), réalisateur multimédia (DVD-rom du Louvre en 99), puis pour la télévision (Comment ça marche et Pourquoi, Archimède sur Arte et France 5, 2000), puis artiste numérique, scénographe et designer, co-fondateur en 2000 d’Electronic Shadow, pionnier du vidéo-mapping 3D et de la fusion image-architecture (www.electronicshadow.com)… Je suis un enfant de la première génération numérique et Elyx est une sorte de synthèse de ce parcours. »
YGM : Qui est Elyx ?
« Elyx est une personnalité virtuelle. C’est un personnage dessiné à la main qui interagit avec des situations réelles en posant un regard poétique et décalé sur la réalité. J’appelle ça du Digital Street Art. C’est une improvisation graphique et photographique sur le réel, créé et partagé en pur digital dans les nouvelles rues que sont les réseaux sociaux. Il est aussi le lointain descendant d’un autre personnage que j’ai créé en 1994, Ixel, pour un magazine dont les trentenaires se souviennent peut-être, dans lequel il interagissait déjà avec les éléments de la maquette. »
YGM : Quelle est l’histoire de votre « rencontre » ?
« J’ai rencontré Elyx par hasard sous la pointe de mon feutre, alors que je cherchais à dessiner un personnage en confrontant deux critères, un minimum de traits et un maximum d’expression. Il me regarda et j’avais l’impression qu’il était vivant. Je l’ai alors très vite sorti dans la rue pour voir comment il réagissait dans notre univers. La simplicité de ses traits faisait qu’il avait l’air d’exister vraiment au milieu de la complexité de la réalité. La rencontre entre réel et virtuel, réalité et fiction, mes thèmes de prédilection, trouvaient naturellement leur ambassadeur. C’était en mai 2011, il y a 3 ans. Sa page Facebook a ouvert en Août 2011. J’ai commencé à le promener partout avec moi, des gens se sont mis à le suivre. Il y a quelques mois, j’ai décidé de sortir un peu plus Elyx de l’ombre et de lui consacrer plus de temps, les projets ont commencé à se construire… »
YGM : Votre petit carnet vous suit absolument partout… Vous vous sentez perdu sans Elyx ?
« Quand il m’arrive d’oublier mon carnet , lorsque je n’ai pas de quoi dessiner ou qu’il n’y a plus de batterie dans mon smartphone, je me sens un peu tout nu en effet Je vois les situations et les idées mais elles ne peuvent pas se matérialiser, ce qui est assez frustrant. En fait j’ai toujours vu plein de petits détails parfois insignifiants ou des idées toutes bêtes qu’Elyx me permet de partager. »
YGM : Il trotte un eu partout sur le web (Instagram, Twitter, Facebook…) : peut-on aussi le trouver dans une librairie ?
« C’est en projet en effet. Il y a déjà tellement d’images (plus de 2000) que ça pourrait déjà faire une petite collection. On pourra déjà très bientôt le retrouver à la galerie Bettina, rue de Bonaparte où seront proposés une série de tirages d’art très abordables pour les tous premiers collectionneurs d’Elyx. »
YGM : Quels sont vos projets à tous les 2 ?
« Nous en avons énormément. Certains sont encore secrets ! Il y a de nouvelles Elyx Parties en préparation (sortes de safari photos Elyx participatifs), plusieurs expos, des workshops, encore beaucoup d’interactions avec le monde de l’art et de la culture, où Elyx est de plus en plus souvent invité en son nom propre, une application mobile et un nouveau site, des projets d’édition, d’animation et plein d’autres choses encore… Notre rêve le plus fou, envoyer Elyx et à travers lui, tous ses followers, dans l’espace… A suivre donc… »