Photographe, sculpteur, performer, graffeur, DJ… Stanislas Zanko est un artiste complet, surtout connu pour ses « introspections instantanées » de personnalités et d’anonymes. Depuis le 7eme étage d’un immeuble parisien du 9eme arrondissement, le fils de l’artiste polonais Tamas Zanko, spécialiste du pochoir, nous reçoit dans l’appartement-atelier de son enfance, là où artistiquement pour lui « tout a commencé ». Aujourd’hui, il s’attache à transmettre l’œuvre de son père via une exposition à Budapest du 6 octobre au 26 novembre 2017.

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« Artistiquement, je suis né d’un incendie »

_MG_4531Casquette gavroche, barbe, jean et sweat à capuche, casque de scoot incroyable posé sur la table, il m’accueille avec le sourire et me raconte, loquace. Autodidacte, né de parents artistes – son père Tamas Zanko est artiste peintre et scénographe réfugié politique hongrois en 1956, précurseur de la peinture à la bombe, et sa mère Anne Zanko est styliste, coloriste et dessinatrice textile – Stanislas grandit à Paris et dans le Jura. Livreur, comédien, serveur, pompier, DJ, il enchaîne les petits boulots dans le milieu de la nuit et de la restauration, se déplace à roller, devient cavalier figurant sur Gladiator au Maroc, part à New York accompagner les Louise Attaque et son pote Alex, batteur du groupe. Il en reviendra avec de nombreux rush tournés dans les studios new yorkais.

Puis en 2007, sa vie bascule suite à un drame : l’appartement familial prend feu un 17 janvier, 95% des œuvres de la famille partent en fumée. Il stoppe tout et change de vie pour aider ses parents à reconstruire l’atelier. Ses photos de l’incendie, prises d’abord pour les besoins de l’assurance, sont remarquées par François Barré, président du Centre Pompidou, des rencontres photographiques d’Arles et ami de la famille, qui lui donne sa chance. Depuis, il expose régulièrement dans diverses espaces comme Art & Touch expo à l’espace Marais Marais, organisé par son imprimeur. On peut aussi découvrir ses collages un peu partout dans Paris. « Artistiquement, je suis né d’un incendie », résume-t-il. Aujourd’hui, il souhaite mettre tout son cœur et son énergie à la transmission de l’œuvre de son père, décédé en 2009. Prochaine étape : une exposition à Budapest en 2017 sur le travail de Tamas Zanko.

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« Je vis d’une baguette magique »

De cet incendie est né son besoin de créer  de l’image et de l’histoire, dont la Zankovision, qui s’est imposée comme l’identité visuel de Stanislas. Il se dit lui-même faux-tographe et véritable illusionniste. « Toutes les photos sont garanties 100% bio sans flash ni additifs photoshopesques », peut-on lire sur sa page Facebook co-animée avec son amie Audrey, fondatrice de son existence sur les réseaux sociaux, « ma Moneypenny du web, un maillon indispensable , qui m’informe, m’oriente, me connaît et me comprend ». Son procédé photographique, basé sur la seule lumière en excluant tout artifice de retouche numérique, dédouble le sujet et crée « un petit net dans un grand flou ». Ses outils : des sortes de baguettes magiques rondes, en forme d’étoiles ou de raquettes, bidouillées à partir de lentilles et de fils de laiton, dont il confie la fabrication à son ami bijoutier Hervé de Mahéas. « C’est tout le contraire d’une loupe, car cela réduit l’image : c’est une « pelou » quoi ! »

Ces accessoires lui permettent réellement de vivre de son art. Non pas financièrement, car à ce niveau-là il confie qu’il galère. « J’ai des milliers de portraits de personnalités et d’inconnus, et quand je suis amené à les recroiser, il me suffit de sortir ma baguette magique : ils me reconnaissent illico et m’ouvrent les portes de concerts, festivals, restos… Je vais à Cannes, je vais au Fouquet’s, et là je peux photographier qui je veux ! » C’est ainsi qu’il compte parmi ses modèles Grace Jones, Stromae ou Christine and the Queens. Ce qu’il déteste le plus : « les gens qui veulent tenir la baguette, car cela m’empêche de faire la bonne « note photographique », mais je sais aussi que souvent c’est spontané, avec un désir d’aider et d’y croire ! Car il faut faire un vœu ! Il n’y en a qu’une ! c’est important ! » Lui n’a aucune envie de montrer son visage. « Pas besoin d’être sur la photo, je suis là avec ma baguette ». Son rêve : avoir carte blanche pour réaliser un trombinoscope de la culture mondiale, une sorte d’accréditation universelle pour porter un autre regard.

Aujourd’hui, Stanislas Zanko vit toujours entre Paris et sa campagne jurassienne où il crée dans la rivière des sculptures de pierres comme ce fabuleux crocodile, ou illumine la grange de la maison familiale avec des faisceaux géants. Il s’est même installé un hamac au-dessus de l’eau, sans doute un bon spot pour continuer son introspection…

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Voir aussi le documentaire « De l’ombre à la lumière » sur Tamas Zanko réalisé par son fils Stanislas Zanko :

docu zanko – de l’ombre à lumière (iPhone et iPod) from zanko tamas on Vimeo.

Toutes les photos : Copyright @Stanislas Zanko